- bourdon
- Bourdon, m. acut. Est une espece de grosse mouche, tavelée comme mouche à miel, n'ayant point de picquon ou aiguillon, plus grosse de corsage que la mouche à miel nommée Abeille, et ne fait ny ne sert à faire le miel ni la cire, ains devore l'aliment et la provision que les mouches à miel se sont pourchassé, seulement de sa chaleur conserve les petis abeillons, qui est la cause, que Virgile au quatriéme des Georgiques, l'appelle Ignauum pecus. Fayneant et Coüard. Pline en son livre unziéme leur attribue partie de l'opifice des mouches à miel, ce que Varron son devancier ne fait pas, Fucus. Le Francois luy a donné ce nom par onomatopoee, à cause du bruit qu'il fait quand il volete. On l'appelle aussi mouche wespe, (qu'on prononce guespe, comme de werpir, guerpir, et de Willelme, Guillaume) Vespa. Lequel mot le Languedoc retient tout entier, appelant cest animal Vespe. Et Tavan, acut. Celuy que proprement on doit appeler Bourdon. Ce mot Bourdon se prend aussi pour le son et gros murmure que font les mouches à miel volans par hardes, ou se remuants parmy leurs ruches, Bombus apum. Il signifie aussi ce gros tuyau de la cornemuse, qui sonne le bas et le gros quand le joüeur d'icelle pivote et joüe du gresle. Et selon cela on dit en chanterie de faux-bourdon, que ceux qui tiennent la taille, et vont poursuivants le chant plein, tiennent le Bourdon, et que les trois autres parties sont entonnées, à scavoir le dessus d'une sexte, la haute-contre d'une quarte par dessus la taille, et la basse-contre d'une quinte en descendant, et aval ladite taille, et tiennent le faux- bourdon. On appelle aussi Bourdon le baston sommé d'une pommete de bois avec une autre ou deux un peu plus bas, ferré de l'autre bout, que les pelerins portent faisants leur pelerinage, d'où sont procedées ces phrases, Planter ou ficher bourdon, pour arrester et faire sa demeure, parce que les pelerins s'arrestans en quelque lieu, fichent et doivent ficher en terre leurs bourdons pour estre debout, et non pas le mettre de couche; pour donner à entendre que la devotion qui les a fait entrer en ces terres saintes, est tousjours en eux en estat et en vigueur, et que pour icelle maintenir ils sont prests à soustenir tout effort à ce contraire. Ainsi par metaphore on dit, un homme avoir fiché ou planté bourdon en quelque ville, quand il y a esleu et estably sa perpetuelle demeure, In qua in omnem vitam domicilium ac sedes quietas constituit, Religiosus aut votiuus scipio.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.